Nos anticipations pour 2022

Premièrement, Tout d’abord, l’évidence : Le COVID devrait avoir beaucoup moins d’influence sur nos vies dans douze mois qu’il ne le fait aujourd’hui. On dirait que tout le monde connaît quelqu’un qui a été testé positif (vacciné ou non). Les cas atteignent des niveaux record, mais pas les hospitalisations et les décès. L’Omicron est plus contagieux et moins dangereux. L’immunité collective et les vaccins nous font espérer que la cinquième vague sera la dernière.

Deuxièmement, côté politique, le plan Build Back Better du Président Biden pour augmenter les impôts semble embourbé dans les méandres du Potomac à Washington DC. Les élections de mi-mandat de novembre pourraient être soit une vague républicaine, soit un tsunami républicain. L’un ou l’autre signifierait la fin des hausses d’impôts et le début des blocages législatifs. En Europe, Peu d’évènements politiques majeurs, la coalition allemande restera fragile, l’élection française se jouera entre E Macron et Valérie Pécresse, Boris Johnson devra démissioner et Mario Draghi restera Président (du conseil ou de la République).

Troisièmement, l’inflation fait son grand retour et elle sera le sujet principal de l’année après deux faux départs en 2021 (février et septembre). L’expansionnisme extraordinaire des banques centrales et des gouvernements en réponse à la crise sanitaire ont refaçonné le paysage financier. Ce contexte, combiné aux disruptions subies par les chaines d’approvisionnement et à la hausse des matières premières, a réveillé une inflation inédite depuis 30-40 ans, et dont la perception initiale d’un caractère transitoire a vécu, mettant les banques centrales au pied du mur. La hausse des salaires est déjà présente aux USA et arrive en Europe. Enfin, le prix du gaz et du pétrole ne peut que monter car aucun investissement n’a été fait depuis 20 ans dans les énergies fossiles. Pourtant leur consommation va augmenter inéluctablement faute de relais entre l’abandon du nucléaire en Allemagne ou en Belgique et des énergies renouvelables beaucoup trop intermittentes.

Quatrièmement, Que vont faire les banques centrales de moins en moins indépendantes des pouvoirs politiques ? La Réserve Fédérale a du pain sur la planche. Son plus récent “dot plot” suggère trois hausses de taux cette année (25 points de base chacune) et le marché à terme des fonds fédéraux en voit quatre. La grande question est de savoir si les décideurs de la Fed auront le courage. Étant donné que l’administration Biden essaie d’emballer la Fed avec autant de colombes qu’elle peut en nommer, nous pensons qu’elle n’augmentera probablement les taux que deux fois cette année. En Europe, la BCE ne fera rien sur les taux et continuera de diminuer doucement son QE. Les banques centrales doivent choisir entre la bonne santé des marchés financiers, le financement de l’économie et des Etats surendettés ou la lutte contre l’inflation et elles choisiront Wall Street, l’économie et les Etats. L’inflation se maintiendra à des niveaux élevés et avec des taux d’intérêt réels négatifs de 4 à 5%, cela permettra d’euthanasier les rentiers et de rembourser la dette en monnaie de singe. De plus, les énormes investissements à venir dans les infrastructures et dans la transformation de l’économie en vue d’une neutralité en matière de gaz à effet de serre ne pourront se faire qu’avec des taux bas. Enfin, à l’image du Covid où il était insupportable de voir mourir les gens quitte à mettre le monde à l’arrêt total, il est devenu insupportable aux banques centrales de voir les marchés baisser, quitte à déverser des milliards de liquidités.

Cinquièmement, il est important de surveiller les bénéfices, qui sont à un niveau record. Mais plus d’emplois, un chômage plus faible, une inflation des coûts non répercutés sur le prix des produits vendus pourraient signifier que des salaires plus élevés et des marges plus faibles retireront une part des bénéfices des entreprises. Nous prévoyons toujours une croissance des bénéfices de 5 à 10 % en 2022, mais c’est bien en-deçà de ce que nous avons vu en 2021.

Et enfin, bien sûr, les jokers : la Chine envahira-t-elle Taïwan ? La Russie envahira-t-elle l’Ukraine ? La réponse est non à la première question. La seconde ? Si votre nom n’est pas Vladimir Poutine, vous ne connaissez pas la réponse.

En conclusion, quelques prévisions boursières :

• Si les taux montent trop vite, les pertes seront telles que l’ensemble des actifs financiers se mettront à baisser, y compris les actions ; si les taux montent lentement et se stabilisent sans franchir le seuil des 2,20 % sur le 10 ans américains, le marché des actions pourrait en sortir indemne. La Fed détient la réponse (Cf point 4).
• Les taux sont amenés tendanciellement à monter avec une inflation bien ancrée au-dessus de 2%. Les obligations souveraines ou investment grade et les fonds en € vont connaître encore une mauvaise année.
• La Bourse sera donc tendanciellement haussière, mais sera beaucoup plus volatile à l’image des 15 premiers jours de l’année.
• Une rotation sectorielle comme celle que l’on a connue en 2003 après l’éclatement de la bulle technologique est probable. Les valeurs de croissance à 50 de PE risquent de souffrir. 2022 est peut-être le retour de la vielle économie : banques, pétrole, automobile, transports, industrie, foncière au détriment des technologiques et du luxe. Ce sera une fenêtre de courte durée.
• Les Etats Unis devraient sous performer l’Europe compte tenu de la surpondération de la technologie dans les indices US. Le $ devrait baisser. La Chine redevient bon marché mais son économie n’est toujours pas complètement redressée.
• Il faudra encore faire le tri entre les actifs durables et non durables. Les actifs non durables sont condamnés à migrer vers le capital-investissement et à disparaitre des marchés boursiers, le marché n’en veut plus et la décote sera éternelle (jusqu’à la sortie de cote).
• L’or sera coincé autour des 1800 $ l’once, tant que le dollar restera ferme malgré les taux d’intérêt négatifs qui lui sont favorables. Le dépassement des 2000 $ se fera quand le $ s’affaiblira au moment où la FED renoncera à sa politique de remontée des taux.
• Le Bitcoin vaudra 100 000 $ (mais nous ne vous disons pas quand)

Nous étions optimistes début 2021, nous le restons en 2022 mais le chemin sera plus chaotique notamment en ce début d’année. Il faudra résister aux phases de stress et garder une allocation bien équilibrée entre cash ou quasi cash, actions et toujours un peu d’or.