Perspectives 2nd semestre 2019 : Rester liquide, en raison de risques contextuels trop élevés

3 septembre 2019

| Actualités

Désormais, la sphère financière est administrée par les banques centrales, qui détiennent depuis toujours le pouvoir absolu, mais ne l’exercent réellement que depuis la crise de 2008. Les politiques monétaires très accommodantes veulent anticiper les crises économiques et financières. Choquées par la crise systémique de 2008-2009, elles veulent augmenter la liquidité avant même l’apparition de la crise. Cela se traduit par le « bad news is good news » : toute mauvaise nouvelle économique est considérée comme une incitation à « l’assouplissement monétaire ».

Par ailleurs, la politique commerciale des USA menée par Donald Trump affecte directement le commerce mondial, en raison de la mise en œuvre de taxes à l’importation et de l’incertitude associée à un engrenage dévastateur. La conséquence naturelle de l’agressivité des USA, est que le risque récessif augmente.

Ces deux éléments contextuels ne sont pas transitoires ; on peut les considérer comme permanents, car le premier confirme la mainmise des marchés financiers sur les banques centrales (chantage permanent à la crise systémique), et le second matérialise la confrontation historique entre le leader (USA) et son challenger (la Chine).

Tout ceci est bien sûr particulièrement dangereux pour la croissance à court et moyen terme. 

La question à l’avenir est de savoir, si l’on utilise dès maintenant les moyens destinés à soulager l’économie en cas de récession, ce que pourront faire les banques centrales si la récession est réellement déclarée.

Le marché est devenu illisible et il se comporte de manière totalement paradoxale, comme s’il était complètement déboussolé.

Le premier paradoxe, la baisse des taux souverains reflète à l’évidence les risques récessifs et déflationnistes européens. Nous subissons une phase prolongée de croissance faible. Or, cette croissance faible est sensée desservir les actions, qui pourtant poursuivent leur hausse depuis janvier 2019, comme si une nouvelle phase d’expansion s’ouvrait à elles.

Le deuxième paradoxe, c’est l’inefficacité de la BCE. Malgré la mise en œuvre d’un programme d’assouplissement quantitatif considérable mené de 2015 à fin 2018, l’objectif d’inflation n’a pas été atteint et la croissance économique ne cesse de ralentir. Pourtant, la BCE envisage de relancer les mêmes mesures, comme si elle était la seule responsable, désormais, de la marche des affaires économiques de l’Europe. Un assouplissement quantitatif ne permettant pas une amélioration macro-économique durable. 

Le troisième paradoxe concerne la structure de la hausse et de la baisse du marché des actions. En 2018, année de baisse des cours, les actions cycliques ont souffert, alors que les actions moins dépendantes de la conjoncture se sont appréciées.
En 2019, année haussière, les mêmes concepts boursiers ont recueilli le suffrage des investisseurs. Ils ont choisi, comme si le marché était resté baissier, les actions les plus sûres ex : LVMH, Airbus etc…
Cette crainte des valeurs plus risquées indique une faible confiance dans l’amélioration économique.

Le quatrième paradoxe c’est la progression des indices alors que les flux sur les actions sont négatifs particulièrement en Europe. Les volumes sont anémiques et les marchés sont concentrés entre 2 mains : les trackers et les hedge funds à très gros leviers concentrés sur une seule stratégie : le momentum (ce qui monte, monte et ce qui baisse, baisse).

Investir ou ne pas investir ? 
Face à des obligations qui ne rapportent rien, les placements se limitent désormais aux marchés actions. Cependant il existe une solution, rester liquide, en raison des risques contextuels que l’on peut légitimement juger trop élevés. Cette liquidité permet de pouvoir se replacer sur le marché à des niveaux plus acceptables et saisir les opportunités se présentant. Cependant ces risques macroéconomiques existent depuis le début de l’année 2019 et les marchés actions n’ont jamais vécu une telle appréciation depuis 50 ans. Être liquide n’aurait pas permis de bénéficier de cette hausse, le mot d’ordre est donc de rester prudent et se préparer à rentrer sur les marchés à un meilleur niveau.  Fin mai était une belle fenêtre que nous avons ratée, il y en aura certainement d’autres.