Point sur les marchés – Avril 2023

4 mai 2023

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I. Point sur les marchés

Jusqu’ici, tout va toujours très bien. Alors que le marché attendait tranquillement la nouvelle hausse des taux de la BCE, de la FED et de la BCS (Suisse) avec un énorme suspense concernant le taux de la FED (0.25 ou 0.50% ?), un vent de panique s’est propagé en provenance de Californie venant d’une banque totalement inconnue, la SVB (Silicon Valley Bank) fermée en moins de 48 h suite à des retraits massifs, qui faisaient suite à un tweet incendiaire de Peter Thiel le fondateur de Paypal, qui faisait suite à une augmentation de capital décidée en Urgence pour combler des pertes, qui faisaient suite à la vente d’un portefeuille obligataire pour faire face à des retraits de ses clients, les start up en manque de liquidités. Cette banque considérée comme non systémique a conduit à leur perte de nombreuses petites banques régionales et surtout a obligé la FED et le gouvernement américain à intervenir pour contenir l’incendie. Cette crise a traversé immédiatement l’Atlantique pour frapper en Europe le Crédit Suisse, fragilisé par de nombreux scandales (Greensill, Archegos, valse du management,…). En 48 h, cette banque, vieille de 135 ans, monstre de la gestion de fortune suisse disparaissait en se faisant racheter par UBS contrainte et forcée par le gouvernement suisse d’avaler son plus gros concurrent local. Après un petit stress avec la Deutsche Bank vite réglé, tout rentrait dans l’ordre. Les Banques centrales et les gouvernements avaient fait comme d’habitude les pompiers de service et le marché pouvait reprendre sa marche en avant considérant que cette crise bancaire allait calmer les banques centrales dans leur volonté de monter leur taux voire de les baisser plus vite que prévu. Mr Powel actait le 22 mars ce changement par une hausse de seulement 0.25 % des taux de la FED contre 0.50% anticipé. Le pivot tant attendu n’est plus très loin.
La visite de XI chez son ami Poutine était anecdotique tout comme le rapprochement Arabie Saoudite, Iran sous l’égide de la Chine.
Dans ce contexte où le « bad news is good news », les taux ont fortement baissé de 0.40% environ à 3.40% sur le 10 ans US et 2.30% sur le Bund mais les speads sur le High Yield se sont tendus. Les actions ont rebondi de 3.60% sur le S&P 500 et de 1% en Europe, au plus haut. L’or profite aussi du stress se rapprochant des 2 000 $ gagnant 7% alors que le $ n’a pas tenu longtemps, proche des 1.05 au plus fort de la crise le 15 mars et revenu à 1.085 en fin de mois, en baisse de 3%.

Les marchés actions continuent inexorablement leur marche en avant avec un CAC qui bat ses records jour après jour. Pourtant, pour reprendre la fameuse expression de Mr Greenspan, nous sommes dans un parfait conundrum tant les nouvelles sont plutôt angoissantes :

  • Hausse des taux des banques centrales (mais la baisse est pour bientôt)
  • Inflation record (mais la désinflation n’est plus très loin)
  • Récession à venir (mais finalement ce sera un simple soft landing)
  • Faillites bancaires spectaculaires (mais les banques centrales, JP Morgan et UBS veillent)
  • Guerre en Europe et tension à Taïwan (mais personne ne franchira la ligne rouge)

Alan Greenspan avait utilisé l’expression « Conundrum », La Financière de l’échiquier, un de nos partenaires, utilisait récemment le terme de « dissonance cognitive » pour expliquer cette incohérence apparente.
Pourtant il y a beaucoup d’autres incohérences qui devraient nous mettre en garde :

  • Les grandes valeurs sont au plus haut mais les petites capitalisations sont massacrées, signes avant-coureurs de récession et de difficultés face aux hausses des taux
  • Le marché des introductions en bourse est totalement à l’arrêt comme les fusions acquisitions, signe d’un profond malaise sur les perspectives
  • Les volumes sur les marchés sont très faibles et seulement aux mains des algorithmes at autres trackers. Les investisseurs finaux sont quasi absents.
  • Les futures sur les taux directeurs US voient ceux-ci baisser dès l’automne 2023 alors que les banquiers centraux ne cessent de répéter que cela n’aura pas lieu avant 2024. Qui a raison ? Si ce sont les marchés, c’est qu’il y aura une récession bien plus rapide et plus forte que prévue mais dans ce cas, les actions devraient souffrir.
  • Le pétrole et les matières premières baissent, autre signe de ralentissement malgré la reprise post covid en Chine.
  • Seules quelques méga caps tirent le marché, le reste est à l’arrêt : les GAFAM raflent la mise en ce début d’année alors que le Dow Jones stagne.

Et si finalement ce conundrum s’expliquait simplement par le résultat des sociétés qui affichent trimestre après trimestre d’excellentes surprises démontrant la capacité des grandes valeurs à très bien naviguer même en cas de mauvais temps..
Dans ce contexte de douce euphorie, Le Cac gagne encore 2.30%, l’ES 50 1%, le S&P 500 1.46% mais le dollar perd encore 1.62% et revient à 1.10. Les taux 10 ans se maintiennent autour de 3.50% pour les US et 2.25% pour l’Allemagne et l’or reste coincé sur la crête de 2 000 $.

II. Perspectives :

Le combat est toujours rude entre les bulls et les bears. Pour l’instant, les bulls ont toujours la main mais le fameux « sell in may and go away » risque d’être un bon prétexte pour prendre ses profits. Le mois de mai va être plus tendu sans pour autant être catastrophique à moins que le conflit entre Biden et les républicains sur le plafond de la dette nous refasse le scénario de l’été 2011. Nous n’y croyons pas.