Flash marché : crise du Coronavirus

9 mars 2020

| Actualités

Contexte

La brutalité de la baisse ses 10 derniers jours sur les marchés est à la
hauteur de l’euphorie sans doute excessive qui régnait encore mercredi 19
février sur toutes les places boursières (à l’exception de la Chine). En
quelques jours, les investisseurs sont passés d’un optimisme peut être
inconscient à une panique quasi incontrôlée.
Difficile en l’état actuel d’évaluer véritablement la dangerosité du
coronavirus. Les seules certitudes concernent d’un côté, la relativement
faible létalité du virus et de l’autre, l’impossibilité de mettre au point un
vaccin dans un délai suffisamment court. Un médicament est peut- être en
cours d’homologation trouvé par la Biotech Gilead sans parler de la
Chloroquine, vieux médicament contre le paludisme qui aurait montré des
résultats d’efficacité encourageants.
A la fin, il y aura peut-être maximum 10 000 morts sur l’ensemble de la
planète (quand la grippe tue entre 150 000 et 300 000 personnes
annuellement), tous probablement décédés dans les 3 mois suivants
compte tenu de leur santé défaillante.
Le précédent du SRAS en 2003 avec ses 900 morts est trop lointain pour
nous aider à faire des comparaisons à une époque où la Chine ne faisait
qu’émerger et la mondialisation n’en était qu’à ses débuts.
En tout état de cause, les investisseurs sont davantage concernés depuis le
début de la crise par l’impact économique de l’éventuelle pandémie plutôt
que par ses conséquences sanitaires. La peur du coronavirus faisant plus
de dégâts que le coronavirus lui-même, le principe de précaution est
devenu planétaire.

Cet impact économique n’est pas non plus évident à cerner même si la
Chine est en quelque sorte notre laboratoire et montre un retour
progressif à la normale 45 jours après le début de la crise à Wuhan mais il
risque d’être assez violent à court terme notamment sur certains secteurs
surexposés : tourisme, hôtellerie, services, consommation…. Les premiers
profit warnings apparaissent (Apple, Microsoft, AB Inbev, Lagardère, …)
Il est néanmoins probable que l’effet négatif sur les deux premiers
trimestres de l’année sera compensé par l’effet positif de la baisse des prix
des matières premières et notamment du pétrole qui a perdu plus de 40%
en moins de six mois. Dans l’état actuel des choses, il n’y a donc pas de
raison de revoir en baisse drastiquement les perspectives de croissance
pour 2020, et si d’aventure, la crise se poursuivait plus durablement, on
peut aussi s’attendre à un soutien appuyé de la part des banques
centrales. Le « FED put » n’a pas du tout marché cette semaine mais il n’a
pas dit son dernier mot. Faisons confiance à M Trump et à ses tweets pour
ajouter un coup de pression sur M Powell. En revanche la BCE commence à
être sérieusement à court de munitions.

Marchés

Les indices actions internationales affichent un repli sur les plus hauts de la
semaine dernière maintenant largement supérieur à 14%, ce qui place
l’épisode actuel parmi les records historiques pas loin de septembre 2008
après Lehman. Curieusement les USA baissent autant que Paris ou
l’Allemagne alors que le marché US est toujours plus résilient et que le
COVID 19 n’y a pas encore fait de morts. Assez paradoxalement, ce sont
les actions asiatiques qui résistent le mieux au vent de panique actuel et
plus particulièrement encore, celles des pays émergents. En revanche, le
mouvement est très homogène d’un point de vue sectoriel ou de style, les
défensives ont fini par craquer aujourd’hui.

Le “Flight to Quality” consécutif à l’augmentation brutale de la volatilité a
de nouveau poussé les investisseurs sur des actifs refuges comme les
obligations gouvernementales entraînant ainsi une nouvelle baisse des
taux longs, le T-Notes Américain atteignant des niveaux jamais vus
jusqu’alors : 1.15% sur le 10 ans, le Bund allemand s’approche de son point
bas à -0.60%. En revanche le 10 ans italien se tend au-dessus de 1%,
démontrant une fois de plus que l’Italie est la grande malade de l’Europe
(sans jeu de mot) et certainement son maillon le plus faible.

Sur le crédit, le mouvement de réduction du risque s’est aussi mis en place violemment
avec un écartement de spread très important notamment sur le segment
High Yield. L’or a joué son rôle de valeur refuge tout comme le $ le Yen et
le CHF mais bizarrement pour l’or il est en forte baisse aujourd’hui et le $
chute depuis 2 jours du fait des anticipations de baisse des taux de la FED.

Stratégie

Dans les portefeuilles, nous avions démarré l’année avec une vue prudente
compte tenu de la forte hausse de 2019, d’une absence de respiration du
marché depuis l’été dernier et d’un niveau de valorisation très tendu qui
ne permettait aucun grain de sable. Le Coronavirus n’a peut-être été qu’un
prétexte à une correction indispensable après un excès d’optimisme.
La première alerte de la fin janvier ne nous a pas semblé suffisante pour
ajouter du risque. En revanche, à 5 300 sur le CAC et 25 000 sur le Dow
Jones, après l’effet dévastateur et moutonnier des robots, trackers et
autres algorithmes, le marché est à un prix plus raisonnable et certaines
valeurs sont revenues à des niveaux de cours attractifs.
Nous ne nous précipiterons pas pour acheter car il y a encore
certainement beaucoup de mauvaises nouvelles à absorber, notamment
avec les 1ers morts aux Etats Unis et les mesures de confinement en
Europe mais nous ne sommes plus très loin de la capitulation.

Achevé de rédiger le 28 février à 17 heures 30